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Cinq paires d’yeux bien mystérieux

Martin Delacoux

Avez-vous entendu parler des Five Eyes ? Cinq pays, autant d’agences de renseignements, unis dans une alliance de surveillance gloval. Edward Snowden, le lanceur d’alerte à l’origine des révélations sur les écoutes de la NSA, décrit cette alliance des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie comme une « organisation de renseignement supra-nationale qui ne répond pas aux lois de ses propres pays membres. »

Drew Mitnick, de l’association Access Now, une association qui défend le droit des internautes à travers le monde, explique en quoi consiste les Five Eyes.

Nés au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les Five Eyes ont tenu jusqu’à aujourd’hui. L’alliance entre les cinq pays, et particulièrement entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, est tellement forte qu’il est parfois «  très difficile de savoir qui fait quoi » selon un ancien espion britannique cité par le Japan Times ici.

Cette alliance pourrait permettre d’outrepasser certaines lois des pays membres. La NSA, l’agence de surveillance américaine, n’a pas le droit de mener toutes les opérations d’espionnage aux Etats-unis par exemple. Mais pourquoi ne pas profiter du voisin canadien, ou de l’ami britannique, pour passer outre cette interdiction ? En d’autres mots, pourquoi ne pas demander aux alliés d’espionner les citoyens américains pour son propre compte ? La NSA jure qu’il n’en est rien. Mais cette possibilité pose question et inquiète en Amérique.

Espionne pour moi et je ne t’espionnerai pas

Autre cas de figure : l’espionnage d’un pays tiers pour un pays des Five Eyes. Prenons la Nouvelle-Zélande. Selon un article du Guardian, les services secrets néo-zélandais espionneraient les pays insulaires du Pacifique pour le compte des Etats-Unis. Sans pour autant qu’il y ait une menace particulière pour le pays, selon Andrew Little, le chef de l’opposition.

Mais les révélations du journal britannique ont été vivement critiquées et contestées par le gouvernement néo-zélandais. Il faut dire que les statuts de cette alliance restent flous : on ne connait pas précisément les attributions des agences de renseignement de chaque pays. Un manque de clarté qui peut permettre tous les débordements.

Cette relation privilégiée entre ces cinq pays anglophones donne quelques privilèges. Comme celui de ne pas avoir le droit d’être espionné par la NSA. Cela ne veut pas dire que la NSA espionne tous les autres pays. Mais elle a le droit de le faire, selon un liste que s’est procuré le Washington Post, que vous pouvez consulter ici. Le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Royaume-Uni sont les seuls pays a ne pas y figurer.

Alors, les Québécois et les Canadiens sont-ils moins surveillés que le reste de la planète ? Pas du tout. La seule différence, c’est que ce sont les services de renseignement canadiens qui s’en chargent. Le CSTC, le Centre de la sécurité des télécommunications Canada, ou CSEC dans son appellation anglophone. Une agence qui a vu les fonds qui lui sont alloués presque doubler cette année, passant de 444 millions de $ à 823 millions avec l’ouverture du nouveau siège de l’agence à Ottawa.

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